mardi 23 mars 2010

Un début de roman?

A vous d'imaginer la suite...

L’Aventure a commencé par son apparition. Elle était Brune et portait un twin-set Chocolat quand je la vis pour la première fois sortir de la piscine Mabillon. Ce jour là, mon Etoile était sûrement très haute et j’aurais dû aborder celle qu’Uranie avait pris soin de placer sur ma route. Mais je laissais filer ce Papillon pressé de vivre.

Je pensai à elle plusieurs fois le lendemain. Son maintien, ses articulations flexibles, ce cou ployé comme une Fleur sur sa tige… une robe avait passé dans ma vie, et le moindre de ses plis était demeuré parfaitement net dans ma mémoire. Une Passion naissait en moi, comme une petite Musique, au début, qui vous hante, comme un Mystère à mesure que j’y revenais.

mercredi 10 mars 2010

Retour de garde à vue II (pas de pitié pour les quidams)

   
La G.A.V. (garde à vue) 

Je parle d'expérience...
Ceux qui n’y ont pas goûté n’imaginent pas un instant ce qui se joue chaque jour et chaque nuit à leur porte, dans le commissariat de leur quartier. Plus grand sera leur étonnement si leur tour venait. Assuré de son immunité par le seul fait d’être un citoyen ordinaire et sans histoire, chacun se sent à l’abri. Cette tranquillité le rendra plus vulnérable! Les témoignages de personnes effarées concordent : chacun peut finir au poste. Croiser un policier, c’est sans s’en douter frôler le trou. 
Christophe Mercier, critique littéraire au Figaro a raconté son histoire, publiée chez Phébus (Garde à Vue, Phébus, 2007, 30 pages, 3 €)… et Frédéric Beigbeder raconte la sienne dans Un Roman français[1], (Grasset, août 2009, 18 €).  

 Pour ma part, je me rendais tranquillement au travail à vélo quand par inadvertance, je grillai un feu juste devant le Sénat. Pas d’intersection, juste un passage piéton et un feu rendu peu visible par un camion en stationnement provisoire. J’entendis derrière moi un agent me signaler la chose.

Retour de garde à vue


Autoritarisme = procès d'intention


J’avais envie de dire à quel point je peux, parfois, détester mon époque. Mais il fallait encore oser.

Que va-t-on penser de moi ?

Réac, ronchon, raseur, pisse-froid, trouble-fête, faible d’esprit, ressasseur? Tout juste. Mais ceux qui ne veulent pas m’entendre sont des autruches aveugles et ignares. Sus aux enchaînés de la Caverne qui les premiers iront me dénoncer auprès des autorités compétentes !

Je ne dis pas que cette époque est pire qu'une autre, Lazare Ponticcelli n’est plus là pour nous rappeler que la sienne fut dégueulasse. Sans doute, la nostalgie existe chez l’humain depuis qu’il est doté d'un passé.

dimanche 7 mars 2010

Lettre à une amie du Liban



A une amie libanaise qui se plaignait des conditions de vie au Liban et hésitait à revenir en France, j'écrivis le mail ci-dessous. Sachant qu'elle gagnait plutôt bien sa vie comme journaliste dans un magazine féminin qui l'envoyait souvent à l'étranger pour des reportages, qu'elle se payait un voyage en Europe chaque année et au moins deux dans le monde (Amérique du Sud, Asie Madagascar, elle a parcouru toute la planète), je fis ce tableau un peu noirci de la situation française dans l'idée d'éroder ses illusions : 


Voici un petit "tableau parisien" pour t'aider à réfléchir...



Fenêtre sur Hitchcock



A propos de Fenêtre sur Cour, 1954

J’ai découvert Hitchcock. 
Jusque là son cinéma m’ennuyait, je n’y voyais que grosses ficelles et en toute sincérité, je ne comprenais pas qu’on en fît si grand cas. Sachant que la Nouvelle Vague ne jurait que par lui, Truffaut et Rohmer en tête, la question me turlupinait. J’avançais incrédule que ses films avaient vieilli à force d’avoir été copiés.
Et puis j’ai vu Fenêtre sur cour. Un film étrange, tout à fait original, et je vais tenter de dire pourquoi très naïvement.
Vous connaissez sans doute l’argument du film interprété par Grace Kelly et James Stewart.

vendredi 5 mars 2010

Retraites : cotiser plus et gagner moins !



J'ai écrit cette tribune libre lorsque j'étais assistant parlementaire à Nevers, fin 2007. 

Allonger la durée de cotisation pour assurer l’équilibre du régime des retraites, est-ce  inéluctable ? C’est en tout cas le principe retenu pour les discussions à venir sur la réforme. Sauf avis contraire du gouvernement, cette durée passera progressivement de 40 à 41 ans entre 2009 et 2012 pour une retraite à taux plein.

Jean-Jacques Pauvert, un rêve d'éditeur



Jean-Jacques Pauvert
La Traversée du livre,

Paris, Viviane Hamy, 2004

 

 Introduction

§               Jean-Jacques Pauvert, né en 1926, est éditeur depuis 1945.
§               La Traversée du livre constitue le premier volume de ses mémoires, jusqu’en 1968. Le volume suivant est en préparation.

La Traversée du livre

Comment Jean-Jacques Pauvert devient éditeur

La formation d’un esprit libre - Dès le plus jeune âge, Jean-Jacques Pauvert se décrit comme un esprit indépendant se défiant des systèmes. Ses études sont médiocres ; il ne brille qu’en français et en sciences naturelles, quand il juge que son professeur en vaut la peine. A 13 ans, il est déjà grand lecteur et dévore la bibliothèque de son grand-père. Ces lectures l’accompagneront toute sa vie. Après la classe de cinquième, il trouve un emploi à la librairie de la N.R.F. Simple vendeur, il commence tôt à se faire des relations et développe une activité annexe dans le commerce des livres rares et des tirages limités qui, à l’époque, sont l’objet d’une intense spéculation. Dans ce récit, Jean-Jacques Pauvert nous fait mesurer le prestige dont jouissait le livre avant-guerre.

Un regard américain sur l'édition française



André Schiffrin, L'Edition sans éditeurs
Le Contrôle de la parole
 Paris, La Fabrique, 1999 et 2005 [1]


Introduction

§               André Schiffrin, éditeur américain né en 1935, a dirigé pendant 20 ans Pantheon Books, maison au nom prestigieux qui a fait connaître de grands auteurs européens aux Etats-Unis. En désaccord avec la nouvelle direction de son groupe, il démissionne avec son équipe et fonde The New Press, dans un esprit d’indépendance obtenu grâce à des fondations privées.
§               L’Edition sans éditeur paraît en mars 1999[2] et décrit le phénomène de concentration dans le secteur de l’édition américain à travers l’exemple de Pantheon Books. Son livre adresse un message pressant à la France : voilà le désastre, voilà ce que vous devez éviter.

lundi 1 février 2010

Un humain dérisoire ou l'imbécile ver de terre



A Serious man des Frères Cohen, sorti le 20 janvier

Une bonne critique doit selon moi donner un avis qui permette au lecteur de se faire le sien propre à travers la description honnête des caractéristiques de l’oeuvre. Ce qu’il y a de curieux dans l’exercice, c’est qu’emporté par sa fièvre analytique, le critique finisse parfois par confondre l’œuvre avec sa propre besogne et trouver passionnant ce qui l’avait initialement ennuyé. A force d’y déceler une cohérence, le critique, qui ne fait que saisir la recette de l’artiste, s’enhardit en oubliant le principal, à savoir sa première impression.
En ce qui concerne A Serious man, je dois dire que je suis sorti déçu, comme pour le précédent d’ailleurs (No Country for old men). Et pourtant, il y a de réelles qualités dans ce film.
Mais commençons par donner un aperçu général. A Serious man est une comédie. Son argument  :  un juif américain moyen, Larry Gopnik, à la fin des années 60, voit s’abattre sur lui une somme incroyable de tuiles. Son caractère particulièrement affable, incapable de révolte et avant tout conformiste donne vite une tournure cocasse à la situation.

lundi 4 janvier 2010

Amis de la poésie...


Les Berceuses de Federico Garcia Lorca, Allia, 2009, offert (pour l’achat de 2 titres de la collection)
A toute personne se sentant attirée par la poésie, mais que la lecture du moindre poème endort à coup sûr, je conseille Les Berceuses de Federico Garcia Lorca. Drôle de remède pour vous réveiller ! Un poète donc, mais ici dans une conférence de 1928 dont le sujet est des plus pointus : le pathétisme des berceuses espagnoles. Ce très joli texte est présenté dans une traduction nouvelle (par Line Amselem), et pour la première fois en édition bilingue, chez Allia. Au passage, cette maison offre une foultitude de textes courts et adaptés à nos maigres bourses : 3€, 6€… cela avec une qualité typographique, éditoriale et de fabrication en qui font des objets pleins de charme et de sens.[1]

[1] Avant de vous colleter avec Henry Miller et ses Nexus, Plexus ou Tropique du cancer, pourquoi ne pas en tâter avec Reading in the Closets (Lire aux cabinets) (64 p. 6,10€)? Plutôt que de gravir Musil et son Homme sans qualité (roman inachevé de 1700 pages), pourquoi se payer De la bêtise (64 p. 6,10€)? Ou encore titiller George Bataille avec La Mutilation sacrificielle et l'oreille coupée de Vincent Van Gogh (64 p. 6,10€)?

samedi 2 janvier 2010

C’est pas un roman et c’est nul


Un Roman français, Grasset, 2009, 18€ (Prix Renaudot 2009)
La difficulté de critiquer Un Roman français tient au placement du curseur. Faut-il le considérer comme une œuvre littéraire, auquel cas nous aurions la dent dure, mais bien inutilement. Ou bien le juger avec indulgence, sans le prendre au sérieux ? Assurément, il n’y a dans ce livre rien de sérieux sur le plan littéraire, et les postures du fringant Beigbeder sont plutôt d’un mondain que d’un écrivain appliqué. L’ennui, c’est qu’on brouille trop les cartes et lui-même ne s’en prive pas.
Couronné d'un Renaudot, Beigbeder déclare sobrement : « C'est un prix important, qui a été décerné au Voyage au bout de la nuit de Céline et aux Choses de Perec, tous ces livres si beaux, si grands. Et là, me retrouver sur la même liste que ces gens-là...». Le journaliste ne s’avise pas de rebondir : « Céline et Perec doivent se réjouir d’être sur la même liste que vous.»