Je suis en phase avec le titre de l’hebdomadaire Marianne, cette semaine : « L’Aveu, consulter le peuple ? Une honte disent-ils »
Ce que j’ai vu du G20 à Cannes m’a estomaqué. J’ai vu que les politiciens sortaient du bois et n’hésitaient plus à épouser les visées de l’Europe de Bruxelles, à endosser les habits de technocrates et de financiers, à apparaître avec le vrai visage de cette Union Européenne que les peuples redoutent. L’Europe ne change pas, elle a toujours été l’instrument aveugle d’un capitalisme sauvage, brassant des masses dans des ordres de grandeur qui laissent les humains de côté. C’est ainsi que l’entrée de certains pays dits "à la traîne", comme le Portugal, ou comme certains pays de l’Est s’est traduite en très peu d’années par des afflux de capitaux, la construction de routes, d’usines etc. mais pour les hommes, ce furent de drôles de conflits de génération et des inégalités nouvelles. Ceux qui ont pris le train en marche peuvent à présent gagner leur vie tandis que les fonctionnaires sont par exemple payés 200€ par mois (salaire d’un professeur de collège en Slovaquie). Il a fallu, pour beaucoup de jeunes, choisir entre rester au village (et végéter) ou bien quitter ses racines pour la ville où les attendaient de meilleurs salaires, des supermarchés Carrefour mais aussi l’inflation immobilière… Bref, on imagine les déchirements, les fractures. Les structures familiales dévastées… Et quand j’ai vu en Slovaquie s’élever les nouveaux immeubles (pour les pauvres) à côté des logements collectifs datant de l’ère communiste (mal isolés, délabrés, sans ascenseur…), j’ai trouvé que les nouveaux immeubles étaient pires. Les logements pourris de l’ère communiste, au moins par leur disposition autour d’espaces collectifs (crèches, aires de jeux, parkings à vélo, galeries marchandes et divers équipements) semblaient tendre vers un idéal de vie en commun tandis que les nouveaux ne reflétaient qu’un souci de rentabilité desséchant.
Bref, l’Europe n’a pas changé à Cannes, mais on se souvient que nos dirigeants avaient toujours tenu un double discours, artisans de cette Europe, d’un côté, détracteurs de cette même Europe devant leurs électeurs. Car ils savent parfaitement que les aspirations des peuples n’épousent pas celles de l’Europe financière. 7 référendums (à ma connaissance), justement, l’ont sans exception confirmé.
Le "sauvetage de la Grèce", comme on dit, plus exactement le sauvetage d’un système est apparu comme une nécessité si impérieuse que les principes les plus élémentaires de la démocratie devenaient caduques et même qualifiés d’irresponsables. Voilà la nouveauté : le masque tombe, on le dit tout haut : l’Europe tend vers une forme d’autoritarisme supérieur aux États, aux peuples à la démocratie (Le doux monstre de Bruxelles ou L'Europe sous tutelle Comme l'indique un texte que je recommande de Hans Magnus Enzensberger, Gallimard, 7,5€). C’est vers une nouvelle forme de dictature que nous allons d'un bon pas. Ne plus avoir à sauver les apparences pourrait bien conduire les dirigeants à raffermir ce régime qui a déjà fait ses ravages en ne se souciant que de masse critique, d’effets d’ensemble, de poids suffisant pour peser dans le jeu mondial.
Vue de Delphes |
Colonnes de Delphes |
Les indignés de la place Syntagma le jour de la Pâque orthodoxe |
La tribune vide du Président devant le Parlement et face aux indignés |
Bref, à ce peuple au bord de l’implosion, qui manifeste depuis des mois devant son Parlement, il faudrait imposer un plan de rigueur (baisses de salaires, de prestations sociales, taxes) sans qu’ils donnent leur avis ? Nous courons tout droit à la révolution. Bientôt, ce sont les tanks qu’il faudra envoyer pour maintenir le système financier et la spéculation face aux démocratie irresponsables.
Quelque chose de grave a eu lieu à Cannes. Ne sous laissons pas berner par ces discours. Ouvrons les yeux et préparons nous à des lendemains qui déchantent!